Réalité :
Le
regret me ronge, et je songe au bonheur égaré, délaissé par mes idées fourbues.
Et
ardues se font mes heures si longues, dans ce monde où rien n’est plus un
plaisir.
Et
les désirs qui avant me faisaient tant rêver, me font désormais pire qu’une
épine au pied !
Egarée,
je le suis. Oh ! Combien de mépris
porte-je à mes pensées, qui ici m’ont amenées, loin de celle que j’étais, celle
que tant j’aimais.
La
vraie.
La
belle à l’âme saine, la douce, la sereine, l’enfant future reine, le rubis à tailler,
émaillé, écorché tel un rocher. Encastré dans la grotte sacrée de la fée du
précieux, qui, brulant de ses feux tant ardents, m’éblouissent à mille lieux au
moment où je ferme les yeux.
Et
voyage au travers des pages de l’histoire
d’une sombre et très sage enfant. Le sourire découvrant de blanches
dents luisantes et méchantes. Ces serres du mal se camouflent derrière un
souffle, un râle et il n’y a d’égale que la haine qui monte à la gorge si saine
de cette fée d’émail, de beauté, de tourments, tourments rêveurs,
fugaces ! Qu’elle inflige aux amants, comme amoureux d’un astre, car elle,
inaccessible, n’est autre que la cible de fantasmes sensibles.
Ah !
L’amour invincible ! Lorsqu’il est impossible…
Et
je me vois en elle plus heureuse et plus belle. Je me vois sans ses ailes car
moi je vole nue. C’est mon esprit céleste qui me transporte au loin et encore
bien plus loin, oui, j’en ai tant besoin,
de
m’évader du monde…
De
fuir ces nuits sombres, durant lesquelles d’immondes créatures de l’ombre apparaissent sans un mot, sans un bruit… sans
rien…
Et
le vide me tient, m’emplissant de morose. Je suis telle une éponge, je repense
à la prose, et pour fuir cette enfant
sombre et sage, aux dents blanches, blanchies par la rage et la peur de
l’âge, je me confesse enfin à l’encre de mon sang. L’encre rouge carmin, et je
pense et ressens tous ces mots assassins qui me viennent à l’esprit. Puis je
dis et redis à quel point je regrette…
La
vraie vie.