vendredi 21 décembre 2012

Le discours de la forêt


Le discours de la forêt :

Je la sens, elle est là, la magie de la vie
Celle qui rafraichit les champs et les blanchit
Pieds posés sur le sol, je demeure éveillée
A ces doux bruissements venus les caresser

Les brindilles telles des plumes imbibées d’encre
Viennent chatouiller et dessiner sur mes plantes
Ces lettres enivrées de la fraicheur du vent
Me transmettant les clés des mots les plus puissants

Je ne suis poète mais scribe de nature
Je rédige ses fêtes et fières allures
Je suis simple machine à écrire la beauté
Et je vis pour cela, pour tracer ses attraits

Sur du papier lisse je tatoue mon art
Celui que je ressens à travers mes racines
Perforer la peau de mes pauvres vieux panards
Dont le sang s’écoule sans bruit sur chaque ligne

C’est ainsi que j’exprime la douleur torride
Du bois ruisselant de la rosée du matin
Ces gouttes sont les larmes découlant du vide
Ressenti par ces arbres aux couleurs carmin

Et malgré ce néant que la forêt ressent
Elle semble assombrie de bien trop de feuilles
Qui se froissent au vent, me donnant tant et tant
Un peu comme ces mots à l’instant, sous votre oeil.            

                        Lucie Tinelli

jeudi 20 décembre 2012

Mer de l'enfer


Mer de l’enfer.


Un sillage sur les flots
Un village dans l’hublot
La terre n’est plus loin
Mais la mer à faim.

La bise se lève
C’est le vent qui relève
Le calme avant tempête,
Et refroidis la fête.

Sur le pont  on dansait,
Les fronts fiévreux perlaient
De sueur excitée,
Mais tout est terminé.

Les eaux se font rageuses,
Les vagues tapageuses
Et la coque s’élève,
Puis s’écrase sur la grève.

Le danger guette encore,
Le capitaine est mort.
Les pieds dansant s’agitent,
Dans tout les sens prennent fuite.

« Treizième homme à la mer !
Assurez vos arrières ! »
A tout moments s’attaquent
A eux sombres et vieux sacs.

La terreur règne, maîtresse
Sur cette mer « traîtresse »
Passagers se ramassent
Et les morts s’entassent.

Mais la mer n’est pas traîtresse
Elle vit, simple sauvage,
C’est l’homme qui s’en fait maître
Et qui finit au large. 


 Lucie Tinelli

Lassitude lassée


Lassitude  lassée.

Las de tout
Mais aussi de rien
Je suis la lassitude, la vraie
Lassée elle même de ses attraits
Qui feront d’elle une déesse condamnée
Lassée par l’hébétude de ces lassés
De cette terre enlacée dans les lasseaux
De la société qui lasse les hommes
Où les lassera un jour.
Car hélas, je suis las !
Et je fus homme, autre fois.
J’ai su ce qu’étaient les lasseaux
J’ai su vivre dans le faux.
Mais là, le vrai me prend de haut
Je tombe en porte à faux !
Noyée dans l’assaut s’agissant là d’un sceau d’eau
Balancé par un sot, de la haut.

            Lucie Tinelli

La parure du temps


La parure du temps.

C’est un cadran orné d’argent
Attaché à mon poignet
Chargé toujours de m’informer
Lors de ces si longs moments.

Elles peuvent jouer avec mon humeur
Ces aiguilles courant de plus belle
Me donnant chaque minute, chaque heure
Baisser mes yeux vers elle devient un rituel

C’est un bracelet de cuir troué
Dont le tic tac s’échappe constamment
Elle est à moi entièrement dévouée
Mais appartient à l’éternité du temps.

                   Lucie Tinelli

mercredi 19 décembre 2012

La déesse verte


La déesse verte :

Je marche sans repos parmi ces verts feuillages
Ne sentant ni usure ni fatigue d’âge
Pas à pas, je me sème et me dénude aux yeux
Des fleurs si sereines régnant sur ces lieux ;

Je me donne un peu plus chaque pas que j’avance
Semant mon amertume le long du sentier
Je m’abreuve de ces montagnes d’espérance
Mon esprit s’inspirant de nature épurée.

Je m’oublie, pas à pas, laissant tout derrière moi
Au fur et à mesure que j’avance, nue
Je me sens observée mais je ne cache pas
Mes courbes dessinées par le vérité crue

Je m’assume, ma peau brille à la lueur blanche
De la lune, je sautille telle une pervenche
C’est la brume qui pose sur moi son tissu
Sa robe sombre et pure qui me cache des vues.

Etouffées du mépris des herbes médisantes
Par jalousie cachée pour ma vie haletante
Oui ! les vues perverties de  ces branchages morts
Cherchent à retoucher au moindre de mes torts

Car elles aimeraient pouvoir marcher à pied
Aller où bon leur semble, échapper aux buissons
Elles rêvent de chanter comme je le fais
Aspirent à la vie tel que nous la vivons

Habillée de ce drap frais et doux, je me meus
Parmi vous, êtres vertueux et précieux
Voulez-vous bien me tendre main forte et sincère ?
Moi qui vous admire en tant qu’être moins que fière.
              
                 Lucie Tinelli