Chercher la vie.
Un jour, alors que je l'observais dans
le miroir de ma chambre avec une rancune sans pareille, je l'ai perdue, la vie.
Proche mais je ne pouvais la
toucher, visible mais je ne pouvais l'attraper, telle un reflet dans une eau
sombre, inaccessible, froide et vague…
Je l'ai cherchée, partout, partant
de ces eaux pour aller vers d'autres horizons prometteurs. Tous des menteurs.
Tous parlaient de vie, et offraient la mort. J'ai poursuivi un chemin incertain
parmi les feuilles et les arbres, les branches et les brins. Et plus mes pieds
se gerçaient, coulaient leur sang dans la terre mouillée, plus je comprenais de
qui cette nature maudite se jouait.
J'étais blessée, meurtrie par les
horreurs que la menaçante misère de ma mélancolie déversait au travers de
ces pluies torrides, reflet de mes larmes sans limites, sans écoute…
La mort me faisait de l'œil! Chaque
arbre, chaque pierre, chaque édifice en ruine semblaient m'ouvrir leurs bras au
sommeil éternel, bras veineux et amaigris, comme moi, qui commençait à
ressembler à ce monde de mélasse, de nuit éternelle et de mort.
Oui, j'avais été bête. Je marchais
dans le froid, mon dieu, ce froid qui transperçait les ports de ma peau grise
et fine, telle une multitude de vers affamés, prêts à creuser leur chemin
jusqu'aux os, s'il le fallait, pour trouver à manger.
Bête.
Voilà ce que j'étais, avant, au
sens figuré, et que je suis maintenant, au sens propre.
Je repense à mon miroir. Dernière
image, ultime souvenir de ma vie dans le monde que j'ai laissé derrière moi. Un
monde de chaleur, de lumière, dont j'avais tant voulu m'échapper, jadis.
Je regrette.
Lucie
Tinelli
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