mardi 18 décembre 2012

La fragile au pendentif

La fragile au pendentif :

Il est posé là, sur son chevet, et elle l'observe, curieuse.
Le petit bout de fer, forgé à la main, accroché à sa chainette, reste lorsqu'elle le touche, tout aussi chaud que le jour où il sortit du four. Il souffle, lorsqu'elle le caresse, une douce bise fraichement émanée de son attache. Un grave murmure traverse les doigts de la petite, il lui dit des choses. Des choses belles, des choses calmes. Il lui dit des mots frêles, des maux d'âme. Elle le sent, à travers sa main blanche et frêle, la force du feu dans lequel ce fer fut blanchi, le poids de l'enclume sur laquelle la puissance du marteau s'abattit. Ainsi que la main. Oui! La main de l'homme qui magnat les monstrueuses dents. Celles de la bête de cet art fiévreux qu'était de frapper pour rendre beau. Frapper cet objet si fort, sans jamais le détruire, et le laisser atterrir là, devant l'enfant, émerveillée par la dignité de ce tourment.
Quel moment! Tristement, elle sourit, et retire son poing à présent serré, de la table.
Le murmure cesse.
C'est le vide. Où est passé le chant délicat de l'homme dont toutes les forces de son amour furent réunies ce soir là, ce soir où il dut partir, et délaisser sa fille, avec comme souvenir de lui, un soupçon de magie ?
                            Lucie Tinelli

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